Née vers 1945, Bignona, Sénégal
Travaille et vit à Bignona, Sénégal
Seyni Awa Camara grandit auprès de sa mère, elle-même potière, qui l’initie à la sculpture dès son enfance. Elle a deux frères jumeaux et, tous les trois, disparaissent dans la forêt casamançaise, à la suite d’une mystérieuse initiation divine : “On était caché par les génies de Dieu, ils nous ont appris à travailler la terre”. Elle modèle la terre et donne forme à des histoires, des événements et des sentiments, rêvés, révélés ou fantasmés.
Depuis environ trente ans, Seyni Camara a produit un très grand nombre de sculptures. Elle les dispose par ordre de taille dans sa maison devenue les coulisses d’un théâtre d’objets et de personnages sans scène, exactement à l’image qu’elle a du monde peuplé de sujets, bons, mauvais, beaux, laids. Certaines œuvres peuvent atteindre près de deux mètres de hauteur. Toutes ces créatures prennent forme dans sa cour et se figent dans le feu à ciel ouvert. Elle explique les visages déformés de ses créations comme une réponse à notre indifférence envers nos ancêtres. Ou encore, lorsque quarante petits monstres s’accrochent à une mère enceinte, c’est parce que nous fuyons tous quelque chose ! Avant de dévoiler ses “secrets”, elle s’enferme avec son talisman (une corne de bœuf) et tout devient possible.
À la question de l’art, elle répond : “Damay science ma liguège”, ce qui signifie en Wolof “je réfléchis, j’ai une idée, je travaille”. Sa réflexion repose sur des vérités révélées, des histoires indatables, l’observation du monde des Hommes, des objets qui l’entourent et sa condition de femme casamançaise. Son idée, c’est que tout cela la dépasse et l’inquiète et elle dit se devoir de réunir passé et présent dans son œuvre.